Si Juan-les-Pins accueille, en 1960, le premier Festival Européen de Jazz, ce n’est pas par hasard. Près de 42 ans avant, dès ses débuts, le jazz y a débarqué miraculeusement. C’est là qu’est né le mythe mondial du « jazz age » et des Enfants du Jazz.
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En 2017, Jazz à Juan a fêté ses 57 ans
15 juil. – 23 juil. 2017
Tout commence avec Louis Armstrong, il s’installe au Cap d’Antibes
En 2017, Jazz à Juan fête ses 57 ans. Il s’impose comme l’un de ces lieux légendaires, où s’élabore la mémoire du jazz, mais aussi et surtout, où s’affirme son éternel renouvellement à travers de jeunes prodiges.
DU 15 JUILLET AU 23 JUILLET 2017
Samedi 19h30 : Près de 100 musiciens dans les rues
Samedi 15 Juillet spectacle 20h30 avec :
ELI DEGIBRI QUARTET ; LUDOVIC BEIER TRIO FEAT. GAUTHIER ROUBICHOU & LES FAISEURS DE SON ; FRENCH QUARTER
Mercredi19Juillet 2017
Billeterie : Cliquez sur le lien
www.jazzajuan.com
Suite du Programme :
(Textes inspirés de Gérald Arnaud «40 ans de Jazz à Antibes Juan-les-Pins»)
Tout a commencé, par un vrai conte de fée, en 1923, l’année où Louis Armstrong enregistre à Chicago ses premiers 78 tours avec King Oliver, premiers Chefs-d’oeuvre du jazz. Cette année-là, un jeune couple d’Américains, beaux et immensément riches, s’installe au Cap d’Antibes où ils se font construire une belle villa baptisée « America », comme il se doit. Alors débute cette histoire passionnante qui fait d’Antibes un creuset capital de la musique afro-américaine, mais aussi de l’art et de la culture modernes.
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Gerald Murphy est né à Boston en 1888
Son père a fait fortune à New York en y important tout ce qui pouvait séduire la bourgeoisie locale parmi les objets précieux emblématiques de la culture européenne. En rupture avec ce milieu mercantile, Gérald préfère s’adonner librement à ses deux passions : la musique et la peinture.
A Paris, il est devenu l’ami intime d’Igor Stravinsky, dont il s’efforce d’améliorer les connaissances sur sa musique préférée, celle des Noirs américains. Stravinsky, dont les oeuvres s’inspirent déjà du jazz naissant, ne le connaît jusque-là que par des partitions ou transcriptions.
Gerald Murphy vient à point pour le lui faire découvrir, ainsi qu’à son ami Jean Cocteau, de façon plus directe en leur faisant partager sa discothèque. Car il a réuni dans sa maison du Cap d’Antibes la première grande collection des meilleurs 78 tours de blues, de ragtime, de negro spirituals et de jazz.
Incroyable mais vrai :
En 1928, dans le port d’Antibes, Gerald Murphy lance son yacht (une goélette de trente mètres !) et lors d’une fête fastueuse il le baptise Weather Bird, d’après le titre (Weather Bird Rag) du chef-d’oeuvre que viennent tout juste d’enregistrer en duo Louis Armstrong et Earl Hines… et qui reste, plus de soixante-dix ans après, un des sommets du jazz.
Pour mieux exprimer son admiration pour ce qui sera sans doute encore à la fin du prochain millénaire le modèle idéal de la musique improvisée, Murphy a fait sceller dans la quille de son navire un exemplaire du disque original !
La vie des Murphy entre le Cap et Juan est conforme à leur tempérament : à la fois brillante et sans excès. Ils y reçoivent de préférence leurs amis les plus sportifs et amarinés, comme les écrivains John Dos Passos et Ernest Hemingway.
A cette époque, le music-hall et la chanson fournissent le plus gros contingent de célébrités Juanaises
Le nouveau casino de Juan
Dès son ouverture le nouveau casino est devenu la principale annexe des grandes
salles parisiennes, Maurice Chevalier et Mistinguett viennent y abriter leurs amours.
Folle de Juan, Mistinguett y ouvrira d’ailleurs son propre cabaret à la réputation sulfureuse, La Cage à Poules. En 1929, Mayol inaugure au coeur de la pinède le Théâtre de Verdure, en plein air, qui est bien l’ancêtre de la scène Jazz à Juan.
On verra défiler (et souvent séjourner) à Juan la quasi-totalité des vedettes de la chanson. Les meilleurs sont les plus assidus : Joséphine Baker, Tino Rossi, Charles Trénet, Edith Piaf, Yves Montant (c’est lors des vacances à Juan qu’il découvrit Saint-Paul ), Amalia Rodrigues, Léo Ferré, les Frères Jacques…
En cette deuxième saison, le nouveau casino de Juan accueille pour un soir une troupe de charleston. Enthousiasmés par l’ambiance de cette nuit folle, les Murphy décident de prolonger leur séjour et organisent une fête privée. Cette soirée va inspirer son roman le plus célèbre, Tendre est la nuit à Scott Fitzgerald, et la vie des Murphy à Antibes lui servira de modèle pour cet autre chef-d’oeuvre qu’est Les Enfants du Jazz.
Le casino encore et encore
Ainsi, c’est au Casino de Juan et au Cap d’Antibes qu’on peut situer la genèse de l’expression « jazz age » qui, à travers les critiques enthousiastes des romans de Fitzgerald, commença à désigner outre-Atlantique les années 20, celles qu’ici on préfère appeler « les années folles ». Folles, elles l’étaient sans doute ici plus qu’ailleurs, puisque l’année suivante (1927) les Fitzgerald, Scott et Zelda Fitzgerald reviennent et s’installent dans la villa Saint-Louis (devenue par la suite l’Hôtel Belles-Rives).
Tandis que le petit Claude Bolling fait ses premiers pas sur la plage de Juan-les-Pins, les jazz-bands se succèdent au Casino qui accueille, en 1935, l’orchestre de Fred Ermelin, avec au piano le virtuose Herman Chittison. La même année, c’est la première fois que Juan accueille un des génies du jazz, Benny Carter, accompagné du premier grand saxophoniste
français Alix Combelle.
L’année suivante, au Casino, le big band d’Eddy Foy fait sensation, tandis que Radio-Méditerranée implante son émetteur sur le plateau Saint-Jean d’Antibes.
Désormais, à Juan-les-Pins, le jazz fera toujours partie du paysage.
BECHET ET ANTIBES JUAN-LES-PINS…
Bechet a aimé Juan comme Juan l’a aimé, passionnément.
C’est en 1960, l’année suivant son décès, que s’ouvrira le premier festival de jazz d’Antibes Juan-les-Pins.
Cette même année un monument portant son buste est inauguré en bordure de la pinède, dans le square qui depuis porte son nom. Une copie de ce buste se trouve aujourd’hui installée dans Armstrong parc à la Nouvelle Orléans.
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Bechet est le premier grand soliste du jazz qui débarque en Europe
Pendant plus de dix ans, Bechet accompagne de nombreux spectacles (comme la Revue Nègre dont il sera le directeur musical après le départ de son amie Joséphine Baker), voyageant jusqu’en Egypte et en URSS. Il joue ensuite en Allemagne et en Italie en pleine ascension du nazisme et du fascisme, puis il échoue à New York où il ouvre une teinturerie, avant d’être tiré de l’anonymat en 1938 par le critique français Hugues Panassié.
En 1949, il est la vedette du premier Salon du Jazz organisé par Charles Delaunay et Jacques Souplet à Paris, où il joue ensuite au Théâtre du Vieux Colombier. L’été venu, toute la troupe de ce théâtre (dont Bechet, son disciple Claude Luter et Juliette Gréco) s’installe pour trois mois au cinéma Antipolis d’Antibes. Le succès est tel, que, l’année suivante (1950), l’ancien cabaret de Juan les- Pins, la Palmeraie (l’actuel « village »), est rebaptisé Vieux Colombier pour accueillir Bechet et Luter. Antibes est devenu le centre mondial du « New Orleans Revival ».
Sidney Bechet va y prendre ses quartiers d’été, et y composer la plupart des morceaux qui ont fait de lui, jusqu’à nos jours, la plus grande star du jazz en France. Il compose « le Marchand de Poissons », «les Oignons », « Petite Fleur » et, bien sûr, « Dans les Rues d’Antibes ». Le 17 août 1951, c’est à la mairie d’Antibes que Sidney Bechet a choisi d’épouser Elizabeth Ziegler.
Sidney BECHET – (1897-1959).
Célèbre saxophoniste et clarinettiste noir américain, c’est en 1950 que débute la longue
idylle qui devait lier Sidney Bechet à Antibes Juan-les-Pins jusqu’à sa disparition.
Pendant dix ans – jusqu’au cancer qui le terrasse à Paris le 14 mai 1959 – Sidney Bechet reviendra jouer chaque été, au Vieux Colombier de Juan les- Pins.
- Kenny Garrett Quintet©G. Lefrancq
- Jazz-antibes-AMBIANCE-atmospheric 2©Y. Seuret
- Jazz-antibes_Roy Hargrove©Y. Seuret
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